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Où Suis-Je ? Où Vais-Je ?

  • CorineTitgoutte
  • J'arrive pas à choisir entre éducateur, musicien, écrivain ou dessinateur. Du coup, je vous laisse choisir ici !
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22 février 1997 6 22 /02 /février /1997 22:16

Cette journée fut vraiment horrible. Il avait bossé comme un fou, et pour ça. Rien que ça.

La sueur perlait à son front large et plat, et dégoulinait en longs fils glacés le long de son échine qui frémissait sous la fatigue. Sans blague, qu’est-ce qu’il voulait, au fond ? A quoi pouvait-il s’attendre finalement ? Avait-il vraiment cru qu’il aurait pu faire quelque chose de bien en un jour ? Avec ses mains de littéraire !

Oh, plus tard, bien plus tard, on gloserait sans fin sur son œuvre ; mais qu’en retire-t-il ? Du vent, et la désagréable sensation d’inabouti, de quelque chose d’éminemment incomplet.

Pourtant, ça avait l’air bien parti ; il s’était imaginé tour à tour potier, sculpteur, peintre, artiste, puis il avait regardé le résultat d’un œil satisfait, peut-être par l’ego, peut-être par cette étrange engourdissement spirituel que procure l’achèvement d’une réalisation tout droit sortie de ses mains.

Puis, vite, il s’était mis à considérer sa création d’un œil sombre. A quoi bon, finalement, créer ce qui est parfait dans l’esprit, pour obtenir ça. Un peu cette différence entre le gogo qui fantasme sur une Claudia Schiffer et David Copperfield qui sait qu’en réalité, elle pue de la gueule, est anorexique et invivable.

Mais ces deux attitudes sont humaines, logiques et immuables. C’est du stade anal, je crois. Vous savez, on est toujours très heureux de poser ses tripes au fond du trou, et puis on en est toujours finalement dégoûté, par l’odeur, l’aspect, la consistance. La création est un étron, et le public est comme une mère qui va regarder le trou pour apprécier la qualité de la crotte du rejeton. “ Oh ! regardez comme il a bien fait son popo ! ”. Terrible.

Intellectuellement, physiquement, il était vidé, et il était persuadé que tous ces efforts n’avaient servi à rien. Pendant l’éternité juste avant, il n’y avait rien, et un instant plus tard, il y avait cet étron qui était là, qui occupait un certain espace, et il se rendit compte que cela ne changeait rien !

Les ampoules sur ses doigts le faisaient atrocement souffrir.

Il y eut un soir, il y eut un matin. Ce fut le premier jour.


Leduc - 1997

 

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