De ton vibrant archet sur ma corde sensible
Tu joues au violon un air un peu tzigane
La musique torturée de mes états d’âme
Une triste rengaine qui m’est si pénible
Au hasard d’une portée vierge, tu jettes
Les notes suaves d’un terrible chant d’amour
Dont tu ne vois même pas les troubles atours
Dont tu ignores même, aveugle, qu’il m’entête
Ta chanson commence, une portée lui suffit
Mais à cette mélodie, ô combien je vois
Quelle maladie peut faire une seconde voix
Pour enfiévrer le morceau quand il s’adoucit
Mon diapason ne me donne plus le La
Une dissonance en mon cœur tue l’harmonie
Qu’à créer, œuvre majeure, je vouais ma vie
La symphonie s’achevait presque, et te voilà
Suis-je fou pour vivre ainsi que je le fais
Avec une autre, rêvant de t’accompagner
Essayant en vain qu’enfin puissent s’accorder
Tes yeux sombres, mon amour, et ma loyauté
Je ne sais plus écrire que ces pauvres notes
Sonnant faux, sonnant froid, sonnant terne et sans timbre
Sans qu’au lieu de vibrer, l’accord semble geindre
Sans que l’amoureux remplace le croque-note
Comment en finir en évitant la coda ?
Je voudrais tant, ma belle, que tu me l’expliques
A moi, ce fou, qui pourtant connaît la musique
Puisqu’une fois au moins j’y succombai déjà
Rends-moi la clé de Sol, donne-moi la clé d’Ut
Pour trouver l’oubli et pour trouver le silence
Pour trouver un soupir qui ne soit pas souffrance
Pour trouver une fin qui ne soit pas la chute